Comment dire... Comment traduire cet instant assez rare où tout semble naturel, équilibré, évident. Comme si la magie du lieu nous positionnait en apesanteur. Soudain, le trac s'efface, le public n'a plus aucune prise, nous sommes seuls. Seuls face à nous-mêmes, face au chef de choeur, à ses mains qui s'agitent et, mine de rien, nous donnent la (bonne) mesure, à ses coups d'oeil complices, rassurants, enveloppants.
D'où vient cette curieuse impression? Nous sommes une vingtaine. Et lorsque le doute surgit, lorsque la partition soudain se brouille, que la tonalité n'est plus très sûre, vos yeux croisent évidemment le regard du "Chef", jamais incriminant, nullement empreint de jugement, toujours réconfortant. Regard bienveillant, présent, indispensable et essentiel.
Le chant est un bel exercice. Il nous magnifie, nous transporte au-delà de nous-mêmes et nous autorise à nous exprimer autrement. Le chant choral, exigeant et tellement jouissif, sublime cet exercice-là.
A Bromeilles, vendredi, nous avons été nombreux à penser que nous avions bien chanté. Simplement bien chanté. Nullement par vanité. Juste par plaisir. Bien sûr, il y a eu des hésitations, quelques accrocs, mais la perfection n'est pas de ce monde. Par contre, il y a eu du plaisir, un vrai moment partagé, une sorte de communion de voix. La sonorité du lieu y était sans doute pour quelque chose. Nous nous sommes sentis portés, c'est évident.
Et puis, au delà de tout ça, il y a Fabien. Nous n'en serions pas là sans lui, son humour, sa patience, sa fausse décontraction, et surtout... son incroyable talent... Tiens, ça c'est un idée, si on l'inscrivait à l'émission de télé?
Au plaisir de nous retrouver en choeur.
Philippe